J'avais écris ce qui suit il y a un moment, et ai décidé de le publier car on a récemment parlé de cette maman décédée d'une embolie en 2009 à cause du temps perdu avec une opératrice du SAMU pour le moins peu efficace . (article terrible du Monde sur ce sujet ici).
En découvrant cette histoire au journal télévisé, j'ai fondu en larme, parce que j'ai été à la place de cette jeune maman qui se sentait partir, impuissante, et que dans cet homme impuissant et désespéré qui tentait de faire ce qu'il faut pour sauver sa femme, j'ai reconnu mon mari.
Je prends la mesure de ma chance, compte tenu du fait que moi aussi, j'ai reçu peu d'aide du SAMU, dont la médecin présente chez moi n'a pas voulu écouter les pompiers et admettre que je faisais une embolie... Sans parler du médecin du SAMU que j'ai appelé quelques jours plus tard alors que j'avais les même symptômes, et qui, pendant que je faisais un malaise et manquait m'évanouir, me demandait mon poids, puis sur un ton de reproche "et vous ne pensez pas que c'est lié à votre poids vos soucis? Il serait temps de maigrir non?"... Je peux vous dire que j'ai puisé la force de le remettre à sa place.
Bref, voici le récit de cette journée du 18 mai 2014...
Tout allait parfaitement bien
depuis la naissance de petite Loutre. J'avais retrouvé mon énergie,
ma joie de vivre et surtout on avait trouvé le bon rythme en
famille.
Même l'allaitement, démarré difficilement à
cause de la césarienne qui avait retardé la montée de lait, se
déroulait bien. Ma fille et moi nous épanouissions et créions
cette relation qui nous avait un peu manqué dans ma grossesse
difficile. Quant à MrAmour, il savourait notre bonheur et m'épaulait
magnifiquement, un vrai papa poule.
Puis, dans la nuit
du 17 au 18 mai, une douleur survient dans mon dos. Habituée du fait
de ma discopathie, je cherche une bonne position pour dormir, avale
un cachet de paracétamol... mais quelques heures plus tard, rien n'y
a fait et la douleur part dans mon ventre, puis dans ma poitrine.
C'est comme un cerceau d'acier qui me comprime le thorax et empêche
mes poumons de prendre leur plein d'air. Au bord de l'évanouissement
et prise d'une sueur glacée, j'appelle le SAMU pendant que MrAmour
prend le relais auprès de petite Loutre.
Les pompiers
sont adorables et tentent de me rassurer. Le médecin du SAMU quant à
elle est aussi aimable qu'une porte de prison et exige qu'on m'emmène
aux urgences en me faisant descendre les escaliers sur une chaise au
risque de me secouer méchamment. Les pompiers eux voulaient me faire
descendre allongée, en me passant par la fenêtre. Cette option
m'angoissait un peu, mais au moins j'aurais été immobile... Mais
non, le médecin décrète que « de toute manière ce n'est pas
une embolie ».
Dans le camion : un pompier
volontaire, adorable, me change les idées et me coache pour que je
reprenne mieux ma respiration. J'hyperventile assez
régulièrement.
Arrivée devant les urgences, alors que
nous venons de nous garer, mon état devient critique. Je respire
trop vite, je panique : mes poumons refusent de fonctionner et
j'ai l'impression que mes côtes les bloquent. Le pompier me tient la
main pour me calmer, et hurle à ses collègues de me faire passer
devant tout le monde aux urgences. Je pense qu'il a eu bien peur
aussi.
Salle de déchoquage : Le médecin des
urgences vient me poser des questions pendant qu'autour de moi les
infirmières s'agitent pour me perfuser et me faire une prise de
sang. (mes veines sont très fines et quasi impossibles à
piquer).
Trop de monde, trop de questions, et toujours cette
douleur qui m'enserre. De nouveau je suis en hyperventilation, mais cette fois
c'est pire.
Aux questions du médecin je ne sais que
répondre : « j'ai peur, trop mal... vais mourir ! »
Une
dose de morphine finira par me calmer.
Mes résultats
sanguins sont bons, mon état s'est amélioré en apparence. Je
respire de nouveau correctement et je suis calme. Néanmoins, le
médecin décide de me faire passer un scanner « pour ne rien
laisser passer ». Béni soit cet homme !
On
découvre finalement que je fais une double embolie pulmonaire... je serais
hospitalisée quelques jours, le temps de faire fonctionner un
traitement anticoagulant et que le risque s'éloigne.
Pendant
qu'on m'annonce ces joyeuses nouvelles, je repense à cette ***** de
médecin du SAMU qui n'a pas daigné imaginer que si si, c'était
bien une embolie... Entre la descente scabreuse des escaliers et le
trajet en camion, j'aurais pu y passer...
Quand on m'annonce que j'ai cette
embolie, je reste calme. Je suis à l'hôpital, je n'ai pas trop de
crainte, car on s'occupe de moi. MrAmour est avec notre fille, ils
vont bien.
Alors le médecin vient me voir, avec une
profonde compassion dans les yeux, et m'annonce que le médicament
qui va contrôler ma coagulation ( previscan) n'est pas compatible
avec un allaitement.
Je m'effondre. Pour petite Loutre
comme pour moi, ces moments privilégiés, cette sensation d'être un
élément vital au sens le plus littéral étaient devenus essentiels
à notre équilibre et à notre bonheur.
En une journée, j'avais frôlé la
mort, et par-dessus tout, la seule et unique chose de bien que mon
corps faisait pour ma fille m'était arrachée. J'étais déjà
passée par tellement de douleur, ça avait été si difficile de
créer ce lien entre nous...
(Suite à venir...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire