27 janvier 2015

Embolie et compagnie (seconde partie)

Je tiens à dire ici combien les différentes équipes qui m'ont prise en charge à l'hôpital du Scorff ont été formidables.
Alors que je pleurais sur mon allaitement disparu, toujours aux urgences, deux infirmiers sont venus à tour de rôle me consoler – d'autant plus touchant que c'étaient des hommes et qu'on ne s'attend pas de leur part à autant d'empathie sur ce sujet particulier.

Lorsque j'ai demandé, ce soir-là, de parler à une sage-femme afin qu'on m'explique comment faire cesser les montées de lait, on m'a demandé d'attendre le lendemain...
L'infirmière est revenue l'après-midi suivant avec le sourire aux lèvres : la sage femme avait voulu se renseigner, et grâce à elle, mon allaitement était sauvé ! Il suffisait de changer de traitement pour moi, et de continuer à donner de la vitamine K à ma fille.

Toutes prenaient le temps de venir discuter avec moi, même en pleine nuit. Lorsque je pleurais le manque de mon mari et de ma petite Loutre, aussitôt une ou deux infirmières ou aides-soignantes accouraient pour me tenir la main, me caresser l'épaule, me dire comme j'étais courageuse de supporter toutes les misères que j'endurais. Chacune s'extasiait sur la frimousse photographiée de ma fille, et se précipitaient toutes affaires cessantes pour la voir en vrai lorsque MrAmour arrivait, triomphant, poussette en main.
Étonnamment, je garderais un bon souvenir de cette hospitalisation. Je ne pensais pas recevoir tant de bienveillance.


Deux semaines après mon retour à la maison, je fais de nouveau un malaise. La douleur est tellement similaire que je me prends à paniquer. Mais cette fois, c'est un calcul biliaire qui menace ma santé.
L'opération est simple et se déroule en deux temps : le mercredi, je suis opérée par coelioscopie afin d'ôter la vésicule biliaire – dont on me dira plus tard qu'elle était remplie de calculs gros comme des grains de poivre — et le vendredi c'est le calcul qui me faisait souffrir qui est retiré. Oui, sauf qu'en fait, en cours d'intervention on se rend compte que le calcul est parti tout seul comme un grand...
En théorie, ces opérations simples me permettaient de sortir dès le samedi : mais pour pouvoir m'opérer, les médecins ont arrêté mon traitement anticoagulant, et pour que je puisse sortir sans risque de refaire une embolie, il faut remettre mon sang à niveau ! Tant que les résultats ne sont pas stabilisés, je dois rester dans cette petite chambre, à m'accrocher au tire-lait — car il est hors de question que mes efforts précédents soient réduits à néant – et à pleurer de nouveau mon absence auprès de mes deux amours.
C'est simple, en un peu plus d'une semaine d'hospitalisation, j'ai perdu huit kilos, dont la moitié était de larmes. Mon moral avait rarement été aussi bas.

Encore une fois, les équipes ont été au top. De nouveau j'étais consolée, rassurée, etc. Cela dit, ce sera là un moins bon souvenir. En effet, on m'avait bien dit que je pourrais sortir le samedi, mais ce ne fut pas le cas. Tous les jours on me disait : demain sans doute, et tous les lendemains on repoussait l'échéance. Une torture mentale pour une jeune maman. Tous étaient désolés. Une infirmière a même tenté de me faire rentrer au service maternité pour que ma fille et moi puissions être réunies, mais le service était plein.
J'ai fini par sortir le mardi en début d'après-midi. Épuisée, mais avec un grand sourire et des bouffées de bonheur plein le cœur en tenant la main de mon mari et en poussant ma fille vers la sortie. En plus, il faisait beau, que demander de plus?




Cela fait plusieurs mois que ces hospitalisations et ces soucis de santé ont eu lieu, et a priori il n'en reste aucune séquelle. Mais depuis je reste dans un état de stress et d'angoisse presque permanent. Peur de la mort, de cette douleur et qui ne prévient pas. 
Depuis, j'ai perdu confiance dans mon corps ; moi qui pendant les 20 jours de paix qui ont suivi la naissance de ma fille, me suis sentie plus forte que je ne l'avais jamais été, qui avais mesuré le pouvoir et les extraordinaires capacités de mon corps, voilà qu'il me lâchait violemment... 
Petit à petit, je m'efforce de le réapprivoiser, de ne pas rester paralysée par la peur. Le chemin sera encore long, mais je finirai bien par y arriver.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire